Ordre et discipline
J'aime donner des cours à l'université. Non pas que j'y ai des élèves brillants et animés d'une vraie soif d'apprendre (je ne vis tout de même pas dans un monde imaginaire) mais parce qu'à chaque fois j'assiste à un grand spectacle.
En effet, les étudiants se réunissent sur le terrain de sport ; je devrais plutôt dire se plantent en rang, chantent l'hymne national, écoutent le discours du directeur puis font un peu de sport, toujours en rang. Et vas-y que je lève le bras droit, que je fais un demi-tour sur la gauche, que je dessine des cercles avec mon bassin... Ah, du grand art ! Une étrange impression d'être revenue dix ans en arrière, à l'époque des boys bands (mais si, rappelez-vous les chorégraphies subtiles des 2be3 et autres !). C'est pour moi, à chaque fois, un grand moment, un modèle d'ordre et de discipline - j'admire cela rêveuse, espérant un jour trouver cela dans mes classes (oui bon d'accord, peut-être que je vis dans un monde imaginaire).
Il n'y a pas que dans les écoles que l'on voit ce genre de choses. Il n'est pas rare de voir les employés d'un restaurant alignés devant l'établissement faire du sport mais aussi répondre avec vigueur et conviction aux harangues de leur chef, sorte de cri de guerre collectif, leitmotiv de motivation. Absolument incroyable ! Surtout à 7 heures du matin ! Ils y mettent tellement de force que leurs cris arrivent à passer la barrière sonore de mes écouteurs et du même coup à me faire ouvrir bien grand les deux yeux (chose plutôt rare pour moi à 7 heures le matin). Cela m'épate d'autant plus que que si j'essayais de faire la même chose, vous pouvez être sûrs que je me briserais les cordes vocales aussitôt !
Arf, l'ordre et la discipline ! Le fantasme de tout prof me direz-vous. Vous pourriez aussi alléguer que c'est un regard occidental sur une société orientale. Ce n'est pas faux. Mais surtout le regard d'une française n'ayant jamais quitté l'Europe auparavant réalisant que le communisme n'est pas qu'un chapitre dans un livre d'histoire.